22 févr. 2008

Interview d'Alessia Contu

Alessia Contu est photographe d’art (école Saint-Luc-Liège, plateaux de théâtre et collectif Métamorphoz) et étudie les sciences politiques à la FUCAM, matière qui résonne dans le travail de l’artiste. Aujourd’hui, elle se lance dans l’aventure « D/Connections ».
Que peut bien cacher ce terme ? C’est un travail sur le jeu vidéo « Sims » : logiciel qui permet de construire la vie de personnages. Très vite, Alessia se rend compte que les choix sont basés sur un certain consumérisme américain : « Par exemple, plus tu as des amis, plus ta carrière augmente. Tout se calcule par des jauges…Mais tu as deux choix : soit le jeu vidéo, c’est un repli sur soi, une intimité intérieure ou alors c’est un isolement total…Se pose alors la question de la réalité, tout ce que je mets dans le jeu vidéo, c’est la réalité ? Le quotidien ? » En parallèle, les mass médias trouvent leur place dans la réflexion : « Est-ce qu’on est connecté avec la réalité du monde ou pas ?...Et même si nous sommes ouverts aux informations (lire le journal, regarder la télévision…), ne sommes-nous pas submergés par tout ça ? » D’où le titre « D/Connections », être ou pas en connexion avec ce qui nous entoure.
Enfin le 11 septembre, « C’est un événement qui est entré dans le vécu de chacun…Si tu demandes à quelqu’un de parler du onze septembre, il a toujours quelque chose à raconter… »
Ce genre de catastrophe a des répercussions dans le quotidien de chacun : « Ne serait-ce que dans la manière de voyager, il y a beaucoup plus de contrôles ! »
L’installation « D/Connections » reprendra donc ces trois aspects, Sims, mass média et 11 septembre, sous forme de six télévisions qui diffuseront des captures du jeu vidéo et un montage de JT. Pourquoi la télévision ? « Car c’est l’objet le plus familier pour l’information te bombarde. » Rien ne sera laissé au hasard : travail sonore, interaction entre les télévisions, déplacements du visiteur parmi ces écrans, cri, sifflement, …Le questionnement relève d’un paradoxe assez fou : « Il y a toujours un enjeu qui détermine notre quotidien …et tu peux faire de beaux discours mais ce qui compte c’est le quotidien. Par exemple, en écologie, les gens vont dire « Il fait mauvais ! » et puis c’est tout. Peut-on culpabiliser les gens de réagir comme ça, et de ne pas œuvrer pour une plus belle planète ? Moi, je ne choisis pas, je ne prends pas parti, je ne sais pas…Dans mon installation, une certain moment on arrive à un chaos et un sims pousse un cri, comme celui de Munch…»
La solution d’Alessia Contu vous sera également présentée : « Intégrer le tout selon ses propres capacités…dans un univers artistique. » La Maison Folie sera l’endroit de ce questionnement : « La Maison Folie est le lieu où le projet est né. C’est un lieu que tu peux moduler comme tu veux, un lieu où tu peux réfléchir. »
Interview réalisée pour la Maison Folie (Mons-Belgique), dans le cadre du journal de la Maison Folie (numéro 0)

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